Cet article provient du magazine Préfon.info #66, le consulter.

À l’honneur

Au cœur de la réflexion et de l’action publique

Clément Beaune, Haut-commissaire à la Stratégie et au Plan, partage sa vision ambitieuse de la planification à la française. Entre prospective, débats démocratiques et décisions concrètes, il détaille les missions de son institution, l’importance du temps long dans la réflexion stratégique, et l’engagement d’une équipe dédiée au service de l’intérêt général et de la solidarité entre générations.

Pouvez-vous nous présenter l’organisation et les missions du Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan ?

J’ai pour le Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan une vision ambitieuse et résolue. Une vision qui puise dans celle de ses pères fondateurs, s’inspirant de ceux qui nous ont précédés pour être à la hauteur des défis qu’auront à connaître ceux qui nous succéderont. Le HCSP est porteur d’un certain rapport au temps et assure autre chose que la simple continuité de l’État : il atteste d’un sens profond de la postérité et de la solidarité qui relie les générations entre elles.

Mon expérience de ministre a ancré en moi une conviction profonde : nous avons, en tant que nation, besoin de temps long et d’une réflexion sereine sur l’avenir, à l’abri de l’urgence et de la polémique stérile.

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le programme

Le programme de travail que j’ai présenté à mon arrivée au printemps dernier a vocation à traduire dans les actes l’ambition que je porte pour le HCSP.

Celui-ci comprend trois axes prioritaires : le système productif et notre modèle social ; la transition écologique et l’aménagement du territoire ; les reconfigurations démocratiques, auxquels s’ajoutent trois grands exercices transversaux : un portrait prospectif de notre pays à un double horizon « France 2035, France 2050 » ; des notes de cadrage des débats pour les élections de 2027 ; des travaux conjoints entre la France et l’Allemagne, pour identifier nos défis communs en Europe. Enfin, parce que j’ai à cœur d’éclairer l’actualité et non de la déserter, nous avons créé des « notes flash », pour apporter de brèves mises en perspective sur des grands débats d'actualité avec des chiffres, des comparaisons européennes et des propositions concrètes.

C’est dans ce même esprit que j’ai décidé d’organiser, tous les mois, un débat où des intervenants de divers horizons et sensibilités sont invités à s’apporter mutuellement la contradiction. Comme le disait Monnet, le Plan doit être une ruche. C’est pourquoi j’ai aussi voulu que nous publions des contributions extérieures. Cela peut être un responsable associatif, un député, un ancien commissaire européen invité à donner un avis et faire des propositions concrètes sur un sujet.

Le rôle du Plan est d’être un lieu de recul, de distance critique, de débat démocratique.

Au moment de votre nomination, il a été présenté la volonté de renouer avec la tradition d’une planification « à la française » avec en particulier la reprise des missions de France Stratégie. Pouvez-vous nous décrire vos ambitions et les sujets majeurs pour les années à venir ?

Planifier, c’est hiérarchiser les priorités, arbitrer entre les différents degrés d’urgence, accepter que tout ne peut être fait en même temps. Aujourd’hui, à l’heure où une incertitude croissante sature notre espace politique, il est nécessaire de redonner cohérence et lisibilité à nos choix collectifs afin de restaurer la confiance collective. La planification n’est pas une contrainte, elle est une promesse : celle de nous donner une boussole commune.

D’où l’importance du Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan, qui renouvelle la tradition française de planification en la mettant au service des enjeux contemporains. Le nouveau départ que j’ai engagé s’appuie sur une fusion, ou une réunification, entre France Stratégie et le Haut-commissariat au Plan.

Le décret de fusion fut signé en Conseil des ministres en mai dernier, actant le rapprochement des deux équipes. On a fusionné en deux mois, c’était nécessaire pour avancer et optimiser. La nouvelle institution que j’ai l’honneur de diriger regroupe 85 personnes. Par ailleurs, nous réaliserons un effort d'économie important sur les coûts de fonctionnement, de plus de 10 % dès 2025. C'est un exemple concret de rationalisation efficace.

Mais la fusion ce n’est que l'outil. Le projet, c'est le fond, les travaux qui ont vocation à être utiles au débat et à la décision. Pour cela, il faut que nos rapports avancent des propositions plus concrètes, avec un impact et un écho accrus, et avec une dimension européenne dont j’ai fait une priorité.

Chez Préfon, nous sommes attentifs à mettre en avant la qualité des agents qui font vivre le service public, quelle équipe vous entoure pour mener à bien ses missions ?

Je suis entouré d’une équipe de grande qualité, engagée dans sa mission de service public, à laquelle je suis moi-même très attaché. Elle réunit des profils complémentaires : des chercheurs spécialisés reconnus pour leur expertise, des collaborateurs « transversaux » qui travaillent au plus près des enjeux politiques, économiques et sociaux du moment. Ce dialogue constant entre réflexion stratégique et débat d’actualité est au cœur de notre méthode, et constitue le principal défi d’un exercice prospectif qui ne néglige pas le présent, mais l’investit pour mieux anticiper. Il nous permet de conjuguer profondeur analytique et propositions concrètes, au service des grandes transitions que nous devons anticiper, comprendre et préparer. C’est une équipe d’une grande efficacité, qui œuvre chaque jour avec un attachement profond à la qualité du débat public et à l’intérêt général.

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l'équipe

France 2035, France 2050

Le Haut-commissariat au Plan a lancé, le 8 octobre, son grand exercice de prospective national qui va, d’ici juin 2026, explorer dix grands thèmes structurants pour l’avenir du pays : démographie, modes et lieux de vie, vivre à + 2,7  C, avenir du travail, économie française et système productif, administration et services publics, finances publiques, démocratie, sécurité et défense nationale, la France vue de l’étranger. Premier acte de cet exercice, la publication d’une étude menée par Toluna Harris pour le Haut-commissariat fait apparaître un grand pessimisme au sein de la population sur la plupart des sujets. 73% des Français estiment ainsi que le système de retraite par répartition aura disparu en 2050. Plus de 8 sur 10 expriment leur inquiétude sur l’évolution démographie, l’environnement, le climat ou encore la situation internationale. Seule lueur d’espoir, les 18-24 ans sont néanmoins persuadés que les évolutions technologiques et la construction européenne vont dans le bon sens et s’imaginent plus heureux dans 10 ans. A la centaine d’experts de se pencher sur les différents sujets pour, d’ici juin 2026, répondre au vœu de Clément Beaune de  rendre le goût de l’avenir aux Français .

Vidéo

France 2035, France 2050 : penser l'avenir du pays dans 10 ans, dans une génération

Crédit photo : Arnaud Bouissou